Souffrance animale dans l’élevage intensif : Quels sont les véritables enjeux et solutions ?

Élevage intensif vs élevage extensif

Publication: Lecture 7min.

Aujourd'hui, le sujet de la souffrance animale dans l'élevage intensif est plus brûlant que jamais ! Ce mode de production qui cherche à fournir des quantités record de viande, d’œufs et de produits laitiers a des répercussions importantes. Mais alors, qu’est-ce qui se cache vraiment derrière l’élevage intensif ? Quels sont les effets sur nos amis les animaux, sur notre santé et sur la planète ? Plongeons ensemble dans ce monde complexe pour comprendre ce qui se joue vraiment et découvrir comment nous pouvons tous y changer quelque chose !




I. Comprendre l'Élevage Intensif et ses Pratiques

A. Qu'est-ce que l’élevage intensif ?

L’élevage intensif, c’est un peu comme une "usine à animaux". Son objectif principal est de produire un maximum de viande, d’œufs et de produits laitiers à moindre coût, pour répondre à la demande croissante du marché mondial.
Pour y parvenir, des milliers d'animaux sont regroupés dans des installations fermées, avec un espace limité et des conditions standardisées pour maximiser la productivité.

Contrairement à l’élevage extensif, qui permet aux animaux de vivre en plein air et de se déplacer librement, l’élevage intensif prive souvent les animaux de tout accès à l'extérieur.
Par exemple, selon l’ONG Compassion in World Farming, 74 % de la production mondiale de viande provient de l’élevage intensif, où les animaux passent toute leur vie dans des espaces confinés (Compassion in World Farming, 2018).
Ce modèle permet de produire de grandes quantités de viande à des prix compétitifs, mais soulève des questions importantes sur les conditions de vie des animaux et les compromis éthiques liés à ce type de production.

B. Conditions de vie des animaux dans l’élevage intensif

Les conditions de vie dans l’élevage intensif sont souvent éprouvantes pour les animaux. En raison de la surpopulation, ils disposent de très peu d'espace pour se déplacer, ce qui engendre un stress constant et favorise des comportements anormaux.
Par exemple, une poule en batterie dispose en moyenne de 600 cm² d’espace (environ la taille d’une feuille A4), ce qui ne lui permet pas d’étendre ses ailes (Humane Society International, 2020). Cette privation d’espace affecte considérablement le bien-être des animaux.

Leur alimentation est également standardisée pour maximiser la croissance et la production, souvent au détriment de leur santé. Les poulets de chair sont élevés pour atteindre un poids de 2 kg en seulement 6 semaines, soit deux fois plus rapidement qu’il y a 50 ans, ce qui entraîne des problèmes de santé comme des déformations des pattes et des insuffisances cardiaques (World Animal Protection, 2019).

Pour prévenir les maladies dans ces environnements surpeuplés et limiter les pertes, des antibiotiques sont fréquemment administrés, parfois même de manière préventive.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 80 % des antibiotiques vendus aux États-Unis sont utilisés dans l'élevage, contribuant au problème mondial de la résistance aux antibiotiques (OMS, 2017). Cela présente des risques pour la santé publique, car la résistance aux antibiotiques se transmet des animaux aux humains, réduisant ainsi l'efficacité de certains traitements médicaux.

Enfin, les voyages vers les abattoirs constituent une dernière épreuve pour ces animaux déjà affaiblis. En Europe, les animaux peuvent être transportés jusqu’à 8 heures sans pause, et dans certaines conditions, ce délai peut être prolongé.
En 2020, la Commission européenne a estimé qu'environ 1,6 milliard de volailles et 300 millions de mammifères étaient transportés chaque année vers les abattoirs, souvent dans des conditions difficiles qui provoquent un stress extrême et augmentent les risques de blessures (Commission européenne, 2020).

C. Les motivations économiques derrière l’élevage intensif

Alors, pourquoi continue-t-on de pratiquer l’élevage intensif malgré les problèmes éthiques et sanitaires qu’il pose ? La réponse tient principalement à des motivations économiques.
La demande mondiale en viande ne cesse d'augmenter : entre 1961 et 2018, la consommation mondiale de viande est passée de 70 millions de tonnes à plus de 340 millions de tonnes (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, FAO, 2018). Face à cette demande massive, l’élevage intensif s’impose comme la solution la plus rapide et rentable pour répondre aux besoins du marché.

Les grandes entreprises de l’industrie agroalimentaire exercent une pression importante pour maintenir des coûts de production bas et maximiser les profits. L'élevage intensif leur permet de produire de grandes quantités de viande à des prix compétitifs, ce qui serait impossible avec des méthodes d'élevage extensif, plus coûteuses et nécessitant davantage d’espace et de temps.

Cette course à la rentabilité a un prix : la réduction des coûts se fait souvent au détriment du bien-être des animaux. Par exemple, dans les élevages intensifs de porcins, la densité de population peut atteindre jusqu'à 10 porcs par mètre carré, ce qui provoque stress, agressivité, et problèmes de santé (Compassion in World Farming, 2018).

une photo avec des vaches en ferme fermée et une photo avec des vaches en liberté

II. Les Enjeux Éthiques et Moraux de l'Élevage Intensif

A. les porcs possèdent une intelligence et une capacité émotionnelle comparables à celles des chiens

Saviez-vous que les animaux ressentent aussi des émotions ? Eh oui ! Des recherches scientifiques ont démontré que de nombreux animaux, en particulier les mammifères et les oiseaux, possèdent des systèmes nerveux et des structures cérébrales similaires aux nôtres, leur permettant de ressentir la douleur, la peur, la joie et même des liens sociaux.
Par exemple, une étude menée par l’Université de Bristol a révélé que les porcs possèdent une intelligence et une capacité émotionnelle comparables à celles des chiens (Université de Bristol, 2016).

Pourtant, dans l’élevage intensif, les animaux sont souvent traités comme des "produits", sans égard pour leur capacité à souffrir. Cette approche utilitaire entraîne des pratiques qui ignorent leur sensibilité : confinement, manque de stimulation, et séparation brutale de leur progéniture.
La différence de traitement entre les animaux d'élevage et les animaux de compagnie est frappante et suscite de vives réactions. Selon un sondage de l'IFOP, 89 % des Français estiment qu'il est important de prendre en compte la souffrance des animaux d’élevage (IFOP, 2020). Cette prise de conscience croissante pousse de plus en plus de personnes à s’interroger sur le bien-fondé de l’élevage intensif et à demander une réforme de nos pratiques.

B. La souffrance animale dans un système intensif : aspects et conséquences

Dans le système intensif, les animaux subissent des conditions de vie particulièrement éprouvantes. Le confinement dans des espaces extrêmement restreints, souvent sans accès à l’extérieur, entraîne un stress constant et des souffrances physiques. Ce manque de liberté et de stimulation provoque des comportements atypiques et inquiétants, comme l’agressivité, l’automutilation, ou encore le picage (chez les poules), signes évidents de mal-être. Une enquête de la Commission européenne a révélé que 96 % des poules pondeuses en Europe étaient encore élevées en cages en 2019, malgré l'impact négatif de ces conditions sur leur santé et leur comportement (Commission européenne, 2019).

Ce mal-être prolongé affecte aussi la physiologie des animaux. Par exemple, les poules élevées en batterie développent souvent des os fragiles et des problèmes respiratoires dus à la mauvaise qualité de l’air.
Les porcs, souvent élevés en groupe dans des espaces confinés, montrent des signes de stress chronique, avec des taux élevés de cortisol (l’hormone du stress) dans leur organisme (European Food Safety Authority, EFSA, 2017). Ces conditions de vie dégradantes, imposées par l’élevage intensif, ont des conséquences directes et mesurables sur le bien-être animal, que l'on peut difficilement ignorer.

C. Les positions des organisations et associations de défense animale

Heureusement, des organisations de défense animale telles que L214, PETA, et Compassion in World Farming (CIWF) sont en première ligne pour alerter l'opinion publique sur les réalités de l’élevage intensif.
Leurs enquêtes et campagnes de sensibilisation révèlent des images et des vidéos qui exposent au grand jour les pratiques de l'industrie. Par exemple, les vidéos de L214 sur les abattoirs français ont suscité une onde de choc, provoquant même des enquêtes et des sanctions gouvernementales (L214, 2016).

Ces associations sensibilisent un large public aux souffrances infligées aux animaux et exercent une pression croissante sur les pouvoirs publics pour améliorer les conditions de vie dans les élevages. Grâce à leurs actions, des avancées significatives ont été réalisées. Par exemple, l'Union européenne a interdit les cages pour les poules pondeuses en 2012, bien que l’application de cette législation soit encore incomplète. En 2020, la Suisse a également voté pour interdire les élevages intensifs de lapins en cage, une avancée saluée par les défenseurs des animaux (Parlement suisse, 2020).

Les efforts de ces organisations ne sont pas seulement motivés par une prise de position éthique. Les défenseurs des droits des animaux soutiennent que la façon dont nous traitons les animaux reflète les valeurs de notre société et qu'il est impératif de revoir notre relation avec eux. Leur travail continue d’alerter les citoyens, d'influencer les politiques, et de faire avancer la législation pour un traitement plus humain des animaux d’élevage.

2 photos avec des poules élevées en pleine air et une autre avec des poules élevées en cage

III. Alternatives et Solutions pour Réduire la Souffrance Animale

A. La sensibilité animale : Les animaux comme êtres sensibles

Des lois visant à protéger les animaux d'élevage existent, mais elles restent souvent insuffisantes et inégalement appliquées. En Europe, des directives fixent des normes minimales de bien-être pour certaines espèces, mais de nombreux aspects restent non réglementés, comme la durée maximale d'enfermement pour certaines espèces ou les conditions spécifiques de transport.
L’Union européenne a cependant franchi une étape en interdisant les cages pour les poules pondeuses dès 2012, une mesure que certains pays, comme l’Autriche et le Luxembourg, avaient anticipée en interdisant même les cages dites “améliorées” (Commission européenne, 2012). Mais cette réglementation reste limitée et n’englobe pas tous les animaux d’élevage.

Des pays comme la Suisse et la Suède imposent des règles plus strictes en matière de bien-être animal. En Suisse, l'élevage de poules en cages est interdit depuis 1992, et la Suède impose des normes de surface minimale et d’accès extérieur pour les animaux d’élevage (Gouvernement suisse, 1992 ; Gouvernement suédois, 2015).
Ces exemples prouvent qu’il est possible d’instaurer des normes élevées de bien-être animal sans sacrifier la productivité. Il reste cependant un long chemin à parcourir pour harmoniser ces lois au niveau mondial et garantir leur application. Un pas supplémentaire serait de renforcer les inspections dans les élevages, afin de s'assurer que les réglementations sont respectées, et d’envisager des sanctions plus lourdes pour les contrevenants.

B. Innovations et pratiques d’élevage alternatives

L’élevage intensif n’est pas la seule option, et de plus en plus de fermes alternatives émergent, offrant aux animaux des conditions de vie plus dignes. Ces fermes adoptent des pratiques plus respectueuses, comme l'élevage en plein air et des espaces adaptés pour les animaux, permettant ainsi des comportements naturels comme le pâturage, la recherche de nourriture et le bain de poussière pour les poules. Les labels éthiques, comme le label "bio" ou "Label Rouge" en France, garantissent de meilleures conditions de vie pour les animaux, en imposant par exemple des surfaces minimales par animal et un accès extérieur.

Les nouvelles technologies jouent également un rôle dans la transition vers un élevage plus éthique. Par exemple, des capteurs et caméras permettent de surveiller la santé et le comportement des animaux, afin de détecter rapidement les signes de stress ou de maladie et d'intervenir avant que le bien-être de l'animal ne soit trop compromis (Agence nationale de la recherche, ANR, 2020). Ces innovations contribuent à réduire la souffrance animale tout en améliorant la productivité des exploitations.

La viande de culture est une autre alternative prometteuse. Produite en laboratoire à partir de cellules animales, elle permet de produire de la viande sans avoir besoin d'élever et d'abattre des animaux. Des entreprises comme Mosa Meat et Memphis Meats ont déjà développé des prototypes de viande de culture, et bien que ce marché soit encore naissant, il offre une solution potentielle pour répondre à la demande en viande tout en éliminant les pratiques d'élevage intensif (Mosa Meat, 2021). Bien qu'elle soit encore coûteuse, la viande de culture pourrait, à terme, réduire significativement l’impact environnemental et éthique de la production alimentaire.

C. Réduction de la demande en produits d’origine animale

La réduction de la demande en produits d'origine animale est une autre solution efficace pour limiter l'élevage intensif. En diminuant notre consommation de viande, de produits laitiers et d'œufs, nous pouvons directement contribuer à réduire la pression exercée sur l'industrie. Les alternatives végétales connaissent un essor impressionnant : le marché mondial des substituts de viande devrait atteindre 35,5 milliards de dollars d'ici 2027, illustrant l’engouement des consommateurs pour des options végétales (Research and Markets, 2021). Des produits comme le tofu, les légumineuses, et les substituts de viande à base de protéines végétales (par exemple, les produits Beyond Meat et Impossible Foods) offrent des alternatives savoureuses et nutritives aux produits d'origine animale.

Adopter un régime flexitarien, c'est-à-dire réduire la consommation de viande sans l'éliminer complètement, ou privilégier une alimentation végétarienne ou végétalienne, peut également être une option accessible pour beaucoup. Selon une étude réalisée par The Lancet, une réduction de la consommation mondiale de viande permettrait non seulement de réduire l’impact environnemental, mais aussi d'améliorer la santé globale en diminuant le risque de maladies chroniques (The Lancet, 2019).
une terre et son atmosphère sont dessinés

Vers un modèle plus éthique et durable pour l'élevage

En fin de compte, l’élevage intensif soulève des enjeux complexes mais essentiels. Le bien-être animal, la santé humaine et l’environnement sont tous liés à ce modèle de production. En tant que consommateurs, nous avons un vrai pouvoir ! En choisissant des produits éthiques, en réduisant notre consommation de viande et en soutenant des organisations de défense animale, nous pouvons faire la différence. Agir aujourd’hui, c’est aider à construire un futur où le respect du vivant, sous toutes ses formes, sera une priorité. Alors, pourquoi ne pas faire ce petit pas vers un avenir plus respectueux dès aujourd’hui ?

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Il y a deux photos. Une avec des moutons en pleine air et l autre avce des poule en cages

Questions fréquentes sur la souffrance animale et l’élevage intensif

FAQ :

  • 1. Qu'est-ce que l'élevage intensif, et en quoi est-il différent de l'élevage traditionnel ?
    L’élevage intensif est un modèle de production qui maximise la productivité en confinant un grand nombre d’animaux dans des espaces restreints, souvent sans accès à l’extérieur. Contrairement à l’élevage extensif ou biologique, il privilégie le rendement économique au détriment des conditions de vie des animaux.

  • 2. Pourquoi l'élevage intensif est-il source de souffrance animale ?
    Les animaux en élevage intensif sont souvent maintenus dans des conditions de surpopulation, sans stimulation et avec des traitements médicaux intensifs pour prévenir les maladies dues au confinement. Cela entraîne du stress, de la frustration et des comportements anormaux, tels que l’agressivité ou l’automutilation.

  • 3. Quels impacts l’élevage intensif a-t-il sur la santé des consommateurs ?
    L’usage intensif d’antibiotiques dans l’élevage intensif favorise la résistance bactérienne, ce qui peut poser des risques pour la santé humaine. De plus, la qualité nutritionnelle de la viande produite dans ces conditions est souvent inférieure à celle des produits issus d’élevages plus respectueux des animaux.

  • 4. Quelles sont les alternatives à l'élevage intensif pour réduire la souffrance animale ?
    Les alternatives incluent l’élevage en plein air, le recours à des labels éthiques (bio, Label Rouge) qui garantissent des pratiques respectueuses, ainsi que des innovations comme la viande de culture. Diminuer la consommation de produits animaux au profit d’options végétales est également une solution.

  • 5. Comment puis-je aider à réduire la souffrance animale en tant que consommateur ?
    Vous pouvez opter pour des produits certifiés, réduire votre consommation de viande, soutenir des organisations de protection animale et privilégier les produits d’origine végétale. Ces choix contribuent à diminuer la demande en produits issus de l’élevage intensif et encouragent des pratiques plus éthiques.